Lettre ouverte

Par Jacob Desnoyers Lalonde

Chère société de performance,

Tout d’abord, rien ne semble fonctionner dans notre système d’éducation actuel. Toute notre enfance, tu nous as mis de la pression pour qu’on ait les meilleures notes possibles. Notre vie est même, pour la plupart du temps, gérée par un pourcentage qui varie en fonction de nos performances scolaires. À cause de toi, nous n’avons pas le droit d’être fatigués ou stressés lors d’une journée d’examens parce que cela pourrait affecter notre moyenne générale. Nous n’avons pas le choix de vivre que pour nos notes, car elles déterminent si notre admission au Cégep sera possible ou non. Les élèves des groupes enrichis doivent travailler des heures et des heures en dehors des heures de classe pour maintenir ces soi-disant résultats.

Ensuite, la charge de travail des élèves en enrichi ne fait qu’augmenter pendant que celle des groupes réguliers ne fait que diminuer. Nous, élèves performants, devons passer nos soirées complètes à étudier et à faire nos devoirs, et ce, chaque jour de la semaine. En plus, la plupart d’entre nous travaillent pour économiser, ce qui gobe encore plus notre temps. Nous avons de la difficulté à rester éveillés en cours. Alors que nos efforts pourraient être recompensés par des petites pauses… eh bien non! La seule sortie des élèves enrichis de la cinquième année du secondaire, au Chêne-Bleu, est d’aller faire de la plongée dans la piscine de l’École secondaire de la Cité-des-jeunes (qui est à 7,6 km de notre lieu d’apprentissage). Si nous nous comparons aux étudiants dans la concentration plein air qui ont minimalement quatre sorties de ski prévues d’ici la fin de l’hiver, cela fait vraiment pitié.

Tel que mentionné plus haut, la pression que tu exerces sur la population estudiantine est immense. Cependant, malgré qu’elle affecte particulièrement les élèves de tous les niveaux, cette pression agit aussi sur un certain nombre d’enseignants et sur les parents des élèves. En effet, pour répondre aux hautes exigences que tu imposes, ceux-ci mettent beaucoup de pression sur nous, les jeunes, pour que nos résultats soient exceptionnels. En effet, il ne faudrait surtout pas que nous devenions éboueur ou caissier chez McDonald’s, car comme nous nous le faisons souvent rappeler à l’école, ce ne sont pas des emplois bien vus. Tu amènes les gens à avoir un double discours : « Ayez les meilleures notes possibles, mais ne stressez pas exagérément pour vos notes ». Tu nous amènes à nous comparer entre nous et à douter de notre potentiel. Tu catégorises les écoles, les cégeps et les universités en fonction de la moyenne des résulats de ses étudiants et non pour ce qu’ils peuvent nous offrir. Tu brises le lien de confiance entre les élèves et le personnel du milieu scolaire. En effet, plusieurs membres du personnel ne sont aucunement au courant de l’état de la santé mentale des élèves.

Bref, tu es malsaine, société de performance, car tu rends les élèves et étudiants malades et tu les influences à avoir des comportements qui ne leur ressemblent pas. Tu fais en sorte que plusieurs enseignants ne font que demander les plus hauts standards (que tu as établis) à leurs élèves alors qu’ils sont pleinement conscients que cela est nocif pour leur santé mentale. Mais que ne ferions-nous pas pour augmenter le prestige de notre établissement scolaire?

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